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PIERRE SYLVAIN FILLIOZAT

 

ANNE FAVRAUD - ADITI

Pierre-Sylvain Filliozat est un historien universitaire, académicien et indianiste français.  Il est né à Neuilly sur seine le 15 Février 1936.
Fils du célèbre indianiste et directeur de l'Ecole Française d'Extrême Orient, Jean Filliozat, il est impregné dès son enfance par l'atmosphère des études indiennes et particulièrement sanskrites.
En 1955, alors qu'il veut être artiste peintre, il fait son premier voyage en Inde, et s'enthousiasme devant la beauté des monuments. Il rencontre un « pandit », lettré sanskrit traditionnel, N. Ramacandra Bhatt, avec qui il se lie d'amitié profonde. Il découvre le sanskrit comme  une langue à la fois ancienne et moderne, une langue vivante aux raffinements infinis, le véhicule d'une inépuisable activité intellectuelle au long de quatre millénaires. Pris de passion il décide de s'y consacrer, conjointement à l'archéologie et l'histoire de l'art de l'Inde.

 Il obtient en 1959 un diplôme de Hindi à l'École Nationale des Langues Orientales, puis en 1962 celui de l'École Pratique des Hautes Études. Il rédigea son mémoire sur « Le Pratâparudrîya de Vidyânâtha » sous la direction de Louis Renou.

Membre de l'Ecole française d'Extrême-Orient de 1963 à 1967, puis directeur d'études de sanskrit à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (IVe section) de 1967 à 2004. Il entre à l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres en 2000 et préside l'académie en 2010. Il est également, depuis 1998, membre associé du Centre d'histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales.
Le 25 mars 2015, à New Delhi, le président de l'Inde, Sri Pranab Mukherje lui remet le prix dénommé Samskritavânmaye naipunyâya shâstre ca pandityâya Pramânapatra « Lettre de reconnaissance pour habileté dans les lettres sanskrites et érudition en science », en reconnaissance de ses travaux sur la langue et la littérature sanskrite.
Le 2 mars 2017 eut lieu l'inauguration de la Fédération Védique de France à la maison de l'Unesco dont il est nommé président d'honneur.(cf ci dessous l'article du Journal « La Croix »)
Il passe régulièrement une moitié de chaque année en Inde, une autre moitié à Paris, alternant recherche de terrain et enseignement
Son œuvre  Ses recherches ont eu principalement deux objets, étroitement liés au sein de la culture sanskrite : d'une part le savoir et les méthodes de travail intellectuel des lettrés sanskrits (les pandits), d'autre part la structure des temples hindous dans leur corrélation avec la culture sanskrite. Le lettré est le principal inspirateur de la structure et le régulateur des activités du temple. A l'inverse, beaucoup de textes ne sont pleinement compréhensibles que par référence aux temples et à la pratique des rites et des fêtes.
Il a longuement travaillé auprès de deux pandits attachés à l'Institut français de Pondichéry, M. S. Narasimhacharya, spécialiste de la littérature grammaticale sanskrite, et N. R. Bhatt, spécialiste de la littérature de rituel çivaïte du Sud de l'Inde, a étudié notamment, dans le premier domaine, « Le Grand Commentaire » (Mahâbhâshya) par Patañjali de la grammaire de Pânini, ainsi que son interprétation à travers d'autres commentaires (Kaiyata, Nâgeça), en tant qu'étapes du développement intellectuel en Inde, et, dans le second domaine, les manuels (Tantra ou Âgama) des desservants des temples. Ces études philologiques ont été accompagnées de celle de plusieurs temples (ceux notamment de Hampi, capitale médiévale d'un empire du Sud de l'Inde aux XIVe -XVIe siècles, et ceux de l'époque des rois Câlukya de Kalyâna aux XIe-XIIIe siècles), sous l'angle architectural, iconographique et épigraphique. Par ailleurs, l'analyse des outils de travail scolastiques des pandits l'a conduit à prêter une attention particulière aux mathématiques sanskrites et à leurs rapports, d'une part avec les mathématiques arabes, d'autre part avec les formes métriques.
L'ampleur et la diversité disciplinaire de ces domaines de recherche, ainsi que les coopérations qu'il a toujours entretenues en Inde, l'ont amené à collaborer étroitement à la mise au point d'outils informatiques en cours de réalisation à l'Indira Gandhi National Centre for the Arts de Delhi. Et en collaboration avec des membres de cet institut, la diffusion de plusieurs travaux philologiques et archéologiques sous forme de cédérom et l'élaboration d'un module de base de données pour l'étude de textes et de temples.
Il est aussi membre de la formation doctorale de « langues, civilisations et sociétés orientales » à l'université Paris III-Sorbonne, de la Société Asiatique, et membre honoraire du centro piemontese di Studi.
Il a été nommé Chevalier de la Légion d'honneur, Chevalier de l'Ordre national du Mérite et Commandeur de l'Ordre des Palmes Académiques.
Il est l'auteur de multiples ouvrages et s'est déplacé dans de multiples pays pour ses conférences très appréciées .

En France, la tradition védique s’organise

Lancée officiellement en octobre 2015, la Fédération Védique de France, qui regroupe huit associations de tradition hindoue, a tenu jeudi 2 mars 2017 une cérémonie inaugurale au siège de l’Unesco. La spiritualité qu’elle prône, axée sur la transmission des valeurs essentielles des Védas, textes poétiques datant de plusieurs millénaires, connaît un regain d’intérêt.

Qu’est-ce que la tradition védique ?
Le védisme puise avant tout sa philosophie, ses enseignements, ses pratiques spirituelles dans des textes sacrés, « les Védas ». « Ils sont la plus ancienne des œuvres littéraires connues dans le monde, et la tradition indienne les considère comme une révélation divine », précise d’emblée Ruchira Kamboj, ambassadrice et déléguée permanente de l’Inde auprès de l’Unesco.
Rédigés en sanskrit archaïque, ces textes poétiques, qui peuvent se traduire par « Vision » ou « Savoir », auraient été révélés il y a plusieurs millénaires à des sages indiens nommés Rishi. Cette liturgie ancienne, riche et complexe, se serait ensuite transmise oralement, de brahmane (1) à brahmane, pendant des millénaires.
Les Védas fonctionnent comme un ouvrage de référence, ayant une valeur normative dans tous les domaines de la vie religieuse (croyances, rites, pratiques telles que le yoga…), comme sociale (organisation de la société, système politique…) de ses adeptes.
Discours de paix, d’harmonie, de non-violence – y compris avec les animaux – encouragement au dialogue interreligieux… En prônant la possibilité, pour tout être humain, de cultiver sa véritable nature dans la paix et la joie, ils aspirent à guider spirituellement les hommes dans leur quotidien et dans leur quête de réalisation de soi. L’hindouisme, le brahmanisme et le védisme puisent dans la même origine commune.
Quelle place en France ?
Malgré l’éloignement temporel et géographique, le védisme a su trouver un certain écho en France dès le début du XIXe siècle. C’est un ancien soldat de la Compagnie française des Indes Orientales, Abraham Hyacinthe Anquetil-Duperron, indianiste et traducteur, qui fait alors découvrir à l’Europe cette tradition, en apportant un ouvrage sur les Upanishad, un ensemble de textes philosophiques qui forment la base théorique de la religion hindoue.
De Victor Hugo à Arthur Schopenhauer, ces paroles mystérieuses suscitent la curiosité de nombreux intellectuels et savants, qui n’hésitent pas à s’en inspirer dans leurs ouvrages.
Mais c’est particulièrement grâce au travail de vulgarisation lancé à la fin du XIXe siècle par le philosophe et maître spirituel Swami Vivekananda, l’une des figures ayant inspiré le mouvement pour l’indépendance de l’Inde, que la tradition védique se fait vraiment connaître en France. Plusieurs maîtres indiens lui emboîtent le pas en se rendant en Europe, et participent ainsi, à partir du second tiers du XXe siècle, à diffuser plus largement la connaissance védique dans le monde.
« Le nombre de participants spirituels en France ayant pour fondement de leur philosophie les Védas est en expansion », affirme-t-on du côté de la Fédération française védique de France, entité regroupant huit associations d’inspiration hindoue, sans pour autant pouvoir donner de chiffres précis.
Pourquoi ce regain d’intérêt ?
« Il y a dans les Védas des valeurs humaines qui sont exprimées avec force et clarté et qui font l’universalité du védisme », a expliqué à l’Unesco le « docteur » Pierre-Sylvain Filliozat, indianiste et sanskritiste.
« On observe un intérêt grandissant en Occident pour des pratiques qui sont issues de la connaissance védique telles que le yoga, l’ayurvéda – médecine traditionnelle basée sur la recherche de la santé parfaite et la prévention de la maladie –, le chant ou encore les mathématiques védiques », ajoute-t-on encore au sein de la Fédération française védique de France.
Initiée par l’ambassade de l’Inde en France et le ministère indien des affaires étrangères, cette organisation, officiellement lancée en octobre 2015, aspire à partager, « en réponse à la demande grandissante du public et des autorités »,le savoir des Védas et à en approfondir l’étude. Elle s’apprête à proposer pour cela, en 2017, des cycles de conférences, des séminaires de pratique du yoga, des publications de travaux de recherche…
Les voies pour se familiariser avec la tradition védique sont multiples. Mais, poursuit-on à la Fédération védique de France, « dans l’application de toutes ces sciences qui placent l’expérience plus que la doctrine en leur centre, le but et le chemin sont le même : atteindre un bien être, un épanouissement qui peut s’offrir à l’homme à condition qu’il vive en accord avec les lois de l’harmonie universelle ». ( Journal La Croix-Mars 2017)

Publications
    •    Le Pratâparudrîya de Vidyânâtha avec le commentaire Ratnâpana de Kumârasvâmin (traduction, introduction et notes), Pondichéry, Institut français d'Indologie, 1963
    •    Œuvres poétiques de Nîlakantha Dîksita (traduction et notes), Pondichéry, Institut français d'indologie, 1967
    •    Le Mahâbhâsya de Patañjali avec le Pradîpa de Kaiyata et l'Uddyota de Nâgesa (traductions et notes), 6 vol., Pondichéry, Institut français d'indologie, 1975-1984
    •    Hampi-Vijayanagar. The temple of Vithala (en collaboration avec Vasundhara Filliozat), New Delhi, Sitaram Bhartia Institute of Scientific Research, 1988
    •    Grammaire sanskrite pâninéenne, Paris, Picard, 1988
    •    Vedânta Desika, Varadarâjapañcâsat, Bombay, Anantacharya Indological Research Institute, 1991
    •    Le Tantra de Svayambhû, vidyâpâda, avec le commentaire de Sadyojyoti (édition et traduction) Genève/Paris, Droz, 1991
    •    Le sanskrit, Paris, PUF (Que sais-je ?), 1992
    •    The Temple of Muktesvara at Caudadanapura: A Little-Known 12th-13th Century Temple in Dharwar District (en collaboration avec Vasundhara Filliozat), New Delhi, Abhinav Pubns, 1995
    •    Anquetil Duperron. Voyage en Inde, 1754-1762: relation de voyage en préliminaire à la traduction du Zend-Avesta (édition critique), Paris, Maisonneuve et Larose, 1997
    •    Dictionnaire des littératures de l’Inde (P.-S. Filliozat, Dir.), Paris, PUF, 2001 [1994]
    •    Yogabhasya de Vyāsa sur le Yoga Sutra, Paris, Agamat, 2005
    •    Temples of Karnāṭaka, Art and Cultural Legacy, Somanātha at Hara ḷahaḷḷi and Kaambeśvara at Raṭṭihaḷḷi (en collaboration avec Vasundhara Filliozat), New Delhi, Indira GaKālāmukhandhi National Centre for the Arts, 2012
    •    À l'origine des études sanskrites: La Grammatica Sanscritica de Jean-François Pons S.J.. Étude, édition et traduction, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2020


Sources
Wikipédia-Babelio- Journal « La Croix »