La véritable origine du yoga remonte à l'aube de l'humanité, elle n'est ni religieuse, ni guerrière, ni hindouiste, ni bouddhiste, ni française, ni américaine... Le yoga en tant que chemin spirituel a la même signification pour l'homme moderne ou préhistorique, et sur tous les continents.
Le rôle du yoga est de questionner l'homme, de l'amener à progresser pour qu'il abandonne son égo, pour qu'il s'abandonne au yoga et non à un maître ou une lignée. Le rôle du maître ou de la lignée est de baliser le chemin, de mettre de la lumière là où il y a de l'ombre, de montrer les dangers.
Il y a un maître pour chaque élève, nous dit la tradition, un chemin pour chaque pèlerin.

Au nom de cette différence et de l'immense soif de spiritualité dans la société actuelle, fleurissent à côté des lignées traditionnelles, de nouveaux yogas, des plus loufoques aux plus sérieux. Se pose ainsi la question du maintien de la tradition. Cela rappelle la Querelle des Anciens et des Modernes : se rallier à des pratiques cautionnées par le temps ou s'engager sur des voies nouvelles tenant compte de la société actuelle. Quelle place laissons-nous à la créativité, à l'amélioration, dans la transmission de ces yogas de lignées, dont les maîtres contemporains nous quittent peu à peu ? Ils ont développé de nouvelles voies. Et nous, qu'allons-nous faire ?

Quel yoga proposer ? Comment l'enseigner ? Avec quels objectifs ? Quelles références à la tradition ?
Chaque enseignant de yoga doit se poser ces questions.
    •    Le yoga proposé est multiple dans sa transmission, unique par essence.
    •    L'enseignement du yoga ne va que dans une direction, celle de l'élève. Il doit être pédagogique, structuré. C'est à l'enseignant de faire la bonne proposition – asâna, prânâyâma, y compris dans le choix du vocabulaire. Mais le yoga doit avant tout être transmis avec le cœur !
    •    Les objectifs sont doubles : la progression – physique, personnelle et spirituelle -  de l'élève et en écho, la progression de l'enseignant. Un enseignant établi dans le cœur et dans ces objectifs apprend tout autant que ses élèves. S'il n'a rien retiré de son cours, il a matière à réflexion... C'est une danse à deux. Une alchimie.
    •    Quelles références à la tradition ? La réponse se profile. Aucune tradition ne peut prétendre à la perfection, apporter toutes les réponses. Elles ne sont que des voies différentes et il n'y en a pas de supérieures ou mineures.

Mais.... nous posons le problème à l'envers, comme souvent. Nous n'avons aucune influence sur le yoga. C'est lui qui nous transforme. L'enseignant doit avoir intégré les valeurs de cœur de son maître, de sa lignée, pour ensuite s'en affranchir et ne pas se scléroser. « L'enseignant transmet autant par ce qu'il est » nous répètent nos maîtres. Laissons-nous devenir...

    •    La vie n'est que changement nous enseigne le yoga ; laissons le yoga vivre son impermanence, accueillons la nouveauté, sous peine, non pas d'enfermer le yoga, mais de nous enfermer, de nous rigidifier. Restons humbles, le Yoga n'a pas besoin de nous, nous avons besoin du yoga. Alors laissons-le vivre à travers nous, s'imprégner de nos couleurs et transmettons-le avec tout notre cœur.

Virginie Zajac

Présidente de la FIDHY

Présidente de l'UEY