Toute chose a une leçon à nous donner, pour peu que nous pensions avoir toujours à apprendre, car tout enseigne, tout est signe.

Servir est une bonne chose, une très bonne chose même : on admire le chevalier servant, on loue celle ou celui qui est serviable, et les grandes ou grands sages trouvent honneur à être des servantes ou des serviteurs de leur idéal.

Mais si servir désigne seulement le fait d’être utile, en quoi l’utilité serait-elle une valeur suprême ? Ce qui ne sert à rien, ce qui est fait gratuitement, sans souci de l’utilité, n’a-t-il pas une valeur plus éminente ?

Et si nous servons, ne risquons-nous pas d’être asservis ? Quelle différence y a-t-il entre le serviteur et le serf ? Comment servir et rester libre ? Pourquoi les grands maîtres se disent-ils serviteurs ?

Le service a beaucoup de leçons à nous donner, qui montreront que, de toutes façons, nous ne pouvons que rendre service, car nous ne serons jamais les premiers à délivrer un service : nous n’avons pu naître, nous ne pouvons vivre et exister que parce que, déjà, d’immenses services innombrables nous ont été délivrés, librement délivrés.